Les sons sont présents partout autour de nous. J’ai la chance d’habiter à deux pas d’une réserve naturelle, le Delta de la Sauer, qui est la plus grande réserve de la région. Je me promène régulièrement pour observer les animaux qui l’habitent et écouter les oiseaux. Les sons sont très utiles pour connaître la bonne santé d’un écosystème en fonction des espèces que l’on identifie et le nombre d’individus répertoriés.

Les sons sont avant tout un outil de communication. Partout dans la nature, les animaux chantent, sifflent, aboient, grincent ou coassent pour se passer une information. Le plus souvent, c’est pour délimiter un territoire ou pour signaler un danger.

Ce terme de paysage sonore désigne un lieu où la biodiversité s’exprime de mille et une façon. C’est aussi le nom utilisé par les bio-acousticiens, écho-acousticiens et audio-naturalistes pour les endroits qu’ils enregistrent. Pour qualifier un paysage de paysage sonore, il doit être sans bruits humains et suffisamment riche en biodiversité.

Malheureusement, beaucoup de ces endroits sont aujourd’hui menacés par l’impact de l’activité sonore de l’homme (les voitures, les avions,…).

"Dans les années 60, où que je pointais ma parabole, j’enregistrais un oiseau. Dans les années 2000, où que je pointais ma parabole, j’enregistrais un moteur." Claude Chappuis (1924/2021)

Ce qui accentue la perte des paysages sonores, ce sont des bruits parasites des hommes. Comme on fait toujours plus de bruit, les oiseaux chantent plus fort pour se faire entendre. Mais ces bruits permanents perturbent leur cycle de reproduction, et chanter plus fort ne suffit pas toujours. Alors, ils finissent par se taire, et leurs populations par diminuer.

► C’est tout d’abord un naturaliste pur et dur

► Qui enregistre des paysage sonores

► Qui doit connaître au minimum tout les sons des animaux (insectes, oiseaux, mammifères)

Il ne faut pas confondre audio-naturaliste et bio-acousticien. L’audio-naturaliste est l’homme de terrain qui enregistre les paysages sonores alors que bio-acousticien est celui qui étudie les communications des espèces et qui compare les sons du vivant.

On sait aujourd’hui que la terre a toujours été sonore. A la formation de la terre, les sons étaient déjà présents, mais il n’y avait aucun être vivant qui pouvait les percevoir, puisqu’il n’y avait pas de vie. Ces sons n’étaient donc pas produits par des êtres vivants, mais par des sources sonores bien différentes. Ce phénomène est appelé la géophonie. La géophonie résulte de tous les sons qui sont produits par les mouvements géologiques, océaniques, le vent, les vagues, la pluie… Ces sons ne sont pas produits par un animal ou une plante.

« La terre est une planète qui chante, et on n'en connait pas d’autre. » Fernand Deroussen, Audionaturaliste

Depuis que l’homme industrialise les machines, la terre n’a jamais été silencieuse. Et puis, au printemps 2020, on décide de tout stopper, tout le monde à la maison à cause d’une pandémie. La terre nous a alors ouvert un monde sans un bruit d’homme. Les audio-naturalistes ont eu des circonstances sonores inimaginables. Pour eux, cela était alors impensable de pouvoir disposer d'un jour, d'un mois sans un avion dans le ciel, ou d'un mois dans le silence total des hommes.

Si l’homme est l’espèce qui chamboule toute la symphonie du vivant, il reste aussi l’espèce qui y fait en même temps le plus attention. Dans cette attention constante envers les sons de la nature, certains sont restés inconnu, sans qu'on puisse poser un nom sur l’espèce qui le produit.

J’ai moi-même un son que j'ai entendu et enregistré mais dont je n’ai jamais réussi a mettre de nom dessus. C'était un son régulier, se déplaçant a une vitesse folle. Un : Tch, tch, tch… répété juste avant qu’il fasse nuit. Depuis, je n’ai jamais réentendu ce son.

Un immense merci au Samu de l’environnement pour m’avoir permis de faire cet article.

Gabriel E.