Témoignage du Dr Fariborz Livardjani, à l’origine du projet

"Dr Livardjani, d’où est venue l’idée de créer un tel concept ?"
 
Le Service d’Analyse Mobile d’Urgence de l’Environnement (SAMU de l’Environnement) a été conçu en 1994. Il est intervenu d’une manière expérimentale, lors du conflit armé au Kosovo en 2000 pour les diagnostics d’urgence eau-air-sols afin de protéger la population des contaminations des ressources naturelles par l’usage d’armes chimiques.
Le concept a été importé en France après cette mission humanitaire. Ainsi une unité expérimentale existe à Strasbourg et est fonctionnelle depuis 2003.
 
"Quels arguments ont été soutenus pour la mise en place de ce concept en France ?"
 
Le développement technologique des ces dernières décennies a conduit à une croissance considérable des micropolluants qui affecte l’atmosphère, l’environnement en général et en fin de chaine la santé de l’humain. Ceci a amené à développer, en particulier à la suite de grandes catastrophes ayant provoqué des dégâts considérables, des méthodes analytiques de diagnostic et de surveillance. Les techniques actuellement proposées sont le plus souvent complexes et ne permettent de faire l’analyse des échantillons que dans des laboratoires spécialisés avec, comme conséquence, des délais longs entre les prélèvements et les résultats. Ceci est un problème, qu’on peu qualifier préjudiciable, qui affecte la mise en œuvre de moyens précoces et efficaces permettant de définir au plus vite la cause de la pollution et d’arriver à limiter l’ampleur des dégâts.

De plus, à côté du risque quantitatif que présentent, pour l’environnement et la santé humaine, les diverses technologique modernes, il existe un aspect qualitatif, non moins préoccupant, intéressant de faibles quantités de composés chimiques dotés d’une toxicité considérable, ce qui demande également une survivance particulière. Afin pouvoir poser un diagnostic rapide et fiable, il nous est apparu nécessaire de réunir les compétences particulières dans différents domaines (toxicologie médicale, analyse chimique, etc.) ayant pour intérêt commun la mise au point d’un laboratoire mobile d’analyse et d’évaluation de différents polluants organiques et inorganiques.
 
"Qu’avez-vous développé en réponse de ces constats ?"

Dans ce contexte nous avons mis au point un laboratoire mobile permettant une intervention rapide et une surveillance à travers des méthodologies analytiques variées. Nous avons également adapté différentes techniques aux milieux analysés (atmosphère, eau, sols, plante, animaux, ...) afin de déterminer in situ la présence et la nature de polluants inorganiques et organiques. L’objectif est de fournir immédiatement une identification et un dosage précis des polluants et micropolluants impliqués, directement sur le site concerné et dans tout milieu, en évitant les inconvénients de transport et de conservation des prélèvements. Il s’agit aussi de permettre de réaliser des mesures fréquentes et régulière des polluants sur différents milieux, vivant ou non, et d’établir des modèles pouvant servir d’outils pour la prévision et la régulation des dysfonctionnement de l’écosystème.
 
"Quel est le but du diagnostic à travers des mesures analytiques ?"

Une fois ces méthodes mises en place, il est possible de s’intéresser à l’impact toxicologique, biologique, économique et social des pollutions de l’écosystème, tant accidentelles que chroniques, en mettant la priorité sur l’impact sur la santé humaine. Cet outil, de par son originalité, procure des renseignements détaillés d’impacts nouveaux et complémentaires aux systèmes de surveillance atmosphérique et hydrique existants. »