Dans la nature, des animaux zoophages (zoophage qualifie les organismes dont le régime alimentaire est constitué d'animaux) que l’on nomme prédateurs, doivent capturer des proies pour se nourrir. On parle alors de comportement de prédation.
La prédation permet de réguler les populations de proies en limitant la surpopulation et en éliminant les faibles, les vieux ou les malades.
Évidemment la sélection naturelle a lieu chez les prédateurs pour permettre l’amélioration de l’approvisionnement. Mais cette sélection a aussi lieu du côté des proies pour renforcer leurs défenses. C’est une course à l’armement, un cercle sans fin d’adaptation.
Dans cet article, nous allons vous présentez les différents moyens que les proies ont développé pour échapper à leurs ennemis durant toutes les étapes du cycle d’approvisionnement.
Rencontre
La première étape pour limiter la prédation et bien évidement de limiter la rencontre avec le prédateur. Les proies vont donc sélectionner des habitats plus propices tel que des lieux cachés ou hors de portée. Par exemple, le zooplancton va la plupart du temps en profondeur pour ne pas être visible par les poissons se nourrissant en surface (Luc De Meester and al. 1995). Les proies peuvent aussi opter pour une séparation temporelle en devenant par exemple nocturne car les prédateurs sont majoritairement diurnes.
Détection
La seconde étape du cycle d’approvisionnement est la détection de la proie. Une des stratégies pour l’éviter est la crypticité. On considère qu’un organisme est cryptique si ses couleurs représentent un échantillon du fond sur lequel il est habituellement vu par les prédateurs. Il est possible de citer par exemple : les ailes de plusieurs espèces de papillons de nuit qui imitent la couleur des troncs d'arbre et ainsi que les fissures, permettant de se confondre dans l'environnement (Kettlewell 1956).
Identification
A la différence de la détection, à cette étape le prédateur voit la proie mais il n’est pas capable de la reconnaitre. La stratégie anti-prédateur la plus rependu de cette étape est la mascarade. Elle consiste à imiter un objet qui ne présente aucun intérêt pour le prédateur. Par exemple dans l’étude de John Skelhorn and al. (2011), une chenille imite des brindilles pour ne pas se faire identifier.
Comme le montre l’entomologiste Henry Walter Bates (1863), certaines espèces utilisent aussi le mimétisme en reproduisant la morphologie, la couleur et/ou la forme d’autre espèces permettant ainsi aux organismes potentiellement comestibles d’être confondus avec d’autres organismes qui eux ne sont pas comestibles. Ce phénomène est basé sur la coévolution entre deux espèces. En exemple : le papillon Monarque d’Amérique du Nord à un gout désagréable donc le prédateur ne le chasse pas. Le Vice roi, en copiant sa morphologie évite donc de se faire identifier.
Poursuite
Après l’identification a lieu la poursuite. La proie peut mettre en place une stratégie pour réduire la probabilité. D’après l’étude de FitzGibbon, C.D et de Fanshawe, J.H (1988), il est possible de citer comme exemple le « spotting » de la gazelle de Thomson : la gazelle saute pour montrer son habilité et sa force. Ainsi le prédateur choisira l’animal sautant le moins, considéré comme le plus faible ou le moins rapide.
Une autre stratégie commune est l’aposématisme. Les animaux signalent aux prédateurs de part leurs couleurs très vives, leurs toxicités. Les prédateurs apprennent à associer le mauvais goût avec une couleur vive. Par exemple le serpent venimeux : serpent corail.
Capture
Evidemment, lorsque l’animal se fait poursuivre, il cherche à ne pas se faire capturer en fuyant. En fonction de ses capacités, il peut courir, grimper, se réfugier, rentrer dans un milieu différent, etc… La chèvre par exemple rentre dans des milieux rocheux impraticables pour ses prédateurs pour empêcher la capture.
La surprise est aussi une technique répandue pour les petits animaux. Lorsque le prédateur arrive, les animaux présentent de « faux yeux », créant ainsi un effet de surprise.
Consommation
De nombreuses stratégies sont utilisées par les animaux pour réduire la probabilité de consommation. Ils peuvent utiliser des méthodes mécaniques avec un épiderme très dur ou avoir des membres jetables.
D’autre technique telle que la défense active (la proie commence à se battre face à son prédateur), libération de toxines, les piqûres, dégagement de mucus ou peuvent aussi développer une résistance au venin du prédateur.
Par exemple, d’après l’étude de Edmund D. et de Jr. Brodie (1968), le triton rugueux libère un poison lorsqu’il est mordu : la neurotétrodoxine. Son ingestion même infime provoque de la paralysie et peut être jusqu’à mortel pour l’homme et d’autres prédateurs.
Digestion
Les stratégies pour réduire la probabilité de digestion n’ont aucun effet sur la vie de l’animal, cependant cela permet d’éviter la prédation sur sa communauté. Si l’animal de digère pas sa proie, il ne cherchera plus à manger des membres de la même espèce. Il apprend et ne répète pas ses erreurs. Les animaux utilisant cette technique sont par exemple les animaux aposématiques vues au quatrième point comme la famille des grenouilles des Dendrobatidae. Elles sont aussi appelées « poison-dart frogs » en anglais (grenouilles à flèches empoisonnées) car leurs toxines étaient utilisées pour empoisonner la pointe des flèches des Amérindiens
Conclusion
Les individus peuvent aussi diminuer leur risque de prédation en formant des groupes. Un comportement en groupe a de nombreux avantages tel que la « dilution » (la probabilité qu’un animal se fasse attraper dans un groupe est moindre que s’il est isolé) ; permet aussi une meilleure détection des prédateurs ; une vigilance partagée entre les individus ; une défense active plus performante en groupe ; etc…
Anne Sarrazin
Références
Edmund D., Jr. Brodie (1968), Investigations on the Skin Toxin of the Adult Rough-Skinned Newt, Taricha granulosa
FitzGibbon, C.D; Fanshawe, J.H (1988), Stotting in Thomson's gazelles: an honest signal of condition
Henry Walter Bates (1863), The imitation by a species of other life forms or inanimate objects
John Skelhorn and al. (2011), Density-dependent predation influences the evolution and behavior of masquerading prey
Kettlewell, Rb. D (1956), Further selection experiments on industrial melanism in the Lepidoptera. Heredity
Luc De Meester and al.(1995), Alternative antipredator defences and genetic polymorphism in a pelagic predator–prey system