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La dégradation des sols

De la dégradation à la désertification des sols

Sur le plan écologique, les sols remplissent de nombreuses fonctions : ils constituent une réserve de biodiversité, ils participent au cycle hydrologique grâce à l’absorption et à la filtration, mais c’est essentiellement une ressource indispensable pour les Hommes car elle permet de nourrir chaque jour plus de 7,8 milliards d’habitants sur la planète. Mais elle est également rare avec aujourd’hui, seulement 33 millions de km2 de terres arables (ou cultivables), soit seulement 6,4 % de la superficie de la planète.

 

Cependant l’accroissement démographique est l’une des multiples pressions infligées aux sols, ceci provoquant sa dégradation.

 

Une des principales conséquences de la surexploitation du sol est sa dégradation engendrant, si rien n’est fait, sa désertification. La convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD) définissait la désertification en 1995 comme « la dégradation des sols dans les zones arides due à divers facteurs, notamment les variations climatiques et l'activité humaine ».

 

EN CHIFFRE

 

En Europe, la désertification touche déjà 8% du territoire, particulièrement méridionale, orientale et centrale, ces régions représentent 14 millions d’hectares. Au niveau mondial, on considère que plus d’un tiers de l’humanité est menacé (dont 66% sont déjà affectés) et concerne tous les continents. Si rien n’est fait, 10 millions d’hectares de terres arables seront perdus chaque année.

 

PROCESSUS

On constate aujourd’hui quatre catégories de dégradation du sol :

 - Elle peut se faire via un processus de dégradation physique tel que l’érosion hydrique ou éolienne, ainsi que le tassement (détérioration de structure), ou des inondations créant des engorgements.

 

- La dégradation peut aussi se faire sur le point chimique (physico-chimique ou biochimique) par un processus de salinisation des sols, par perte des éléments nutritifs natifs du sol, ou bien par pollution chimique (avec pesticides, métaux lourd ou hydrocarbures)

 

- La troisième catégorie de dégradation est la biologique. Il peut se passer une réduction de l’activité biologique du sol ou bien une perte de matière organique.

 

- Le dernier type est le processus socio-économique pouvant être de l’urbanisation, la bétonisation, imperméabilisation des sols ou la création de carrière.

 

CAUSES

La croissance rapide de la population conjuguée à la hausse des niveaux de consommation sollicite de plus en plus notre capital naturel terrestre. Une part importante des écosystèmes, tant naturels que gérés par l’humanité, est en train de se dégrader, ce qui est particulièrement alarmant face à la demande croissante de cultures et d’élevage requérant une utilisation intense des terres.

 

Cette perte de biodiversité mais aussi les changements climatiques nuisent davantage à l’état et à la productivité des sols : émissions de carbone et températures plus élevées, modification des régimes de précipitations, érosion des sols, disparition des espèces et raréfaction de l'eau ; combinés, ces facteurs empêchent pour certaines régions la production alimentaire mais aussi l'habitat humain.

 

Facteur 1 : Surpâturage

 

Le surpâturage est une surexploitation des ressources végétales servant à l'alimentation des animaux (trop de bétail sur une trop longue période ou bien sur une terre inapte au pâturage). Il peut avoir pour conséquence l’érosion du sol, la destruction de la flore ou bien d’autres processus comme le tassement du sol (les racines se développent moins bien dans ces conditions).

 

Facteur 2 : Déforestation

 

Les arbres sont en majorité responsable de la structure du sol. Sans arbre, le sol est sujet au compactage, entraînant outre une baisse de production, une augmentation du risque de lessivage des nitrates, d’émission d’oxyde nitreux (N2O, un gaz à effet de serre), de ruissellement et d’érosion des sols.

 

 

Facteur 3 : Surexploitation

 

La surexploitation des sols dans un domaine agricole engendre l’érosion hydrique, processus par lequel l’eau de pluie détache et emporte les particules de sol. L’agriculture empêche pour diverses raisons, une pénétration optimale de l’eau dans le sol, ce qui augmente le ruissellement. De plus un sol labouré est sujet à l’érosion éolienne : les particules vont se détacher plus facilement, puis être emportées par le vent.

 

Une des conséquences possibles de cette surexploitation, est l’acidification des sols. Effectivement l’absorption des éléments minéraux du sol par la plante, qui sont ensuite exportés dans celle-ci lors des récoltes, diminue la réserve en cations des sols. Donc si l’apport d’intrants ne vient pas compenser les exportations, le sol va s’appauvrir en cations qui seront remplacés par des ions H+, responsable de l’acidification.

CONSEQUENCES

Conséquences environnementales :

 

Toutes ces dégradations (l’érosion, le tassement du sol, la diminution du taux de matière organique, l’acidification et la pollution) perturbent l’activité de la faune, de la microfaune et des bactéries du sol en entraînant une perte de la diversité biologique.

Toutes ces conséquences impactent aussi la qualité des eaux. Effectivement cela engendre des matières en suspension, l’eutrophisation, la pollution des eaux souterraines par augmentation du lessivage et des eaux de surface par ruissellement.

 

Conséquences sociales :

 

Au cours des dernières décennies l’impact de la désertification n’est pas moindre : effectivement 4 milliards d'hectares de terres sont menacées par la désertification, et 250 millions de personnes en subissent les conséquences. Les populations les plus démunies sont les plus impactées. Selon l'ONU, entre 1997 et 2020, environ 60 millions de personnes ont quitté les zones désertifiées de l’Afrique sub-saharienne pour gagner le Maghreb et l’Europe.

Ces populations, dénommées « réfugiées environnementales », ont dû abandonner leurs terres et migrer vers les zones urbaines, appauvrissant leur identité culturelle, abandonnant leurs connaissances traditionnelles et entraînant des modifications définitives des paysages.

De plus cette situation pourra engendrer de graves conséquences : accroissement de la pauvreté, famine, pénurie d'eau, instabilité politique, conflits, guerres, etc.

Il est estimé que d'ici 2050, près de 700 millions de personnes auront été déplacées en raison de problèmes liés à la rareté des ressources en terres.

 

Conséquences économiques :

 

Cette dégradation des sols entraînera une réduction des rendements mondiaux des cultures d'environ 10% d’ici 2050. Les conséquences économiques de la désertification sont estimées à 42 milliards de dollars de manque à gagner pour les régions touchées.

 

POLITIQUES

En 1977, La Conférence des Nations Unies sur la désertification (UNCOD) avait adopté un plan d'action pour lutter contre la désertification (PACD). Quelques années plus tard en 1991, le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) a admis que la dégradation des sols s'aggravait, malgré les efforts fournis. La convention de lutte contre la désertification des Nations Unies a vu le jour en 1994, a été ratifiée par 50 pays.

Aujourd’hui le 17 juin devient la journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse.

 

Des comités ont vu le jour en France. Il est possible de nommer le Comité Scientifique Français de la Désertification (CSFD) créé en 1997. Le but principal est de mobiliser la communauté scientifique française dans le domaine de la désertification, de la dégradation des terres et du développement des régions arides, semi-arides et subhumides afin de produire des connaissances et de servir de guide et de conseil aux décideurs politiques et aux acteurs de la lutte ;

Ensuite en 2001 le Groupe Travail Désertification (GTD) a vu le jour. Il regroupe des scientifiques, des ONG et des collectivités locales. Son action est de mobiliser les acteurs et de développer une concertation au niveau national et international pour ainsi renforcer les capacités des acteurs et des institutions.

De plus le Réseau Désertification Sahel (ReSaD) fut créé en 2010. C’est un réseau de plateformes d’associations basées au Burkina-Faso, au Mali, au Niger et en France

 

ACTIONS

Il est nécessaire d’entreprendre des actions pour compenser la dégradation des terres. Ces actions sont basées sur trois principaux axes. Premièrement, il faut éviter la dégradation des sols en prenant pleinement en compte leur potentiel, ensuite il faut adopter des politiques et des pratiques de gestions durables des terres et pour terminer il faut restaurer les terres dégradées.

 D’après UNCCD différentes actions sont possibles :

o Reboiser et régénérer des arbres;

o Meilleure gestion de l'eau (via une économie, une réutilisation de l'eau traitée, récupération de l'eau de pluie);

o Installer des contreforts au sol (clôtures de sable, de ceintures d'abri, de boisés et de brise-vent);

o Enrichir le sol par plantation;

o Agriculture régénérative faites par les agriculteurs.

 

Il est possible de citer comme actions concrètes contre la dégradation des sols la Grande muraille verte en Afrique. Il s’agit d’une initiative lancée en 2007, ayant pour but de construire un long couloir de 15 km de large traversant tout le continent africain sur 7 600 km en passant par 11 pays pour limiter et ralentir la désertification des sols et protéger les populations. Cette muraille est en cours de construction.

 

SAMU DE L'ENVIRONNEMENT

Aujourd’hui le SAMU de l’environnement a un rôle de surveillance pour la qualité des eaux. Comme vu précédemment, la dégradation des sols engendre, particulièrement au niveau environnemental, une dégradation de la qualité des eaux, essentielle à la vie animale, végétale et à la santé humaine. L’association prélève et analyse des eaux de surfaces et souterraines afin d’évaluer l’état de l’environnement et l‘impact que le sol pourrait avoir en France.

 

Anne Sarrazin

Références

 

  • “Global Land Outlook”, 2017, United Nations Convention to Combat Desertification (UNCCD)
  • “Sustainable Land Management contribution to successful land based climate change adaptation and mitigation” - A Report of the UNCCD Science-Policy Interface
  • Sustainable Land Management in Practice - Guidelines and Best Practices for Sub-Saharan Africa Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO)