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Le changement climatique en Afrique de l'ouest

Caractéristiques géographiques et climatiques de l'Afrique de l'Ouest

L’Afrique de l’Ouest comprend toute la partie occidentale de l’Afrique subsaharienne. Elle est caractérisée par un relief globalement faible et homogène, et un couvert forestier important. Son climat est influencé par la présence du désert du Sahara au nord, et par l’océan Atlantique à l’ouest.  Il est caractérisé par une période de moussons qui débute en mars sur les côtes du Golfe de Guinée et prend fin en en novembre. Pendant cette saison, les zones de précipitations vont se déplacer vers l’intérieur des terres, atteindre un pic d’intensité en aout, puis se replier progressivement vers les côtes à partir de septembre. Les différents pays de l’Afrique de l’Ouest connaissent donc des climats variés, en fonction de la période où ils sont traversés par les moussons. Les régions côtières vont ainsi connaitre une saison des pluies marquée par deux périodes de précipitation, au début et à la fin de la saison, entre lesquelles il peut y avoir une période sèche. Les régions de l’intérieur des terres connaissent une période de pluie continue plus tardive avec un pic d'intensité en aout. Pendant la saison sèche, un vent chaud, appelé le Harmattan, descend du Sahara. Pendant environ un mois, ce vent chargé de poussières et de sable chaud voile le ciel et assèche l’air. 

Des dérégulations dans les rythmes saisonniers

Au cours du 20ème siècle, la perturbation du rythme des moussons a conduit à plusieurs sécheresses graves dans les territoires du Sahel, situés à la bordure du Sahara. Ces régions sont déjà caractérisées par une importante variabilité climatique, le réchauffement climatique contribue à amplifier ce phénomène tout en le rendant moins prédictible. La dégradation de ces terres arides, semi-arides et subhumides est qualifiée de désertification.

A l'hiver 2024, l'Harmattan, qui touche d’ordinaire la ville d'Abidjan en Côte d'Ivoire pendant le mois de décembre, s'est manifesté avec un mois de retard, qui s'est répercuté sur les périodes de mousson qui devaient suivre.

Exemple : variation du régime pluviométrique du bassin versant du N’zi (Bandama) en Côte d’Ivoire

Le territoire de la côte d'Ivoire peut se diviser en trois zones climatiques : un régime subtropical au Nord, un régime tropical humide au centre du bassin et un subéquatorial au Sud.

 

Le régime subtropical se caractérise par deux saisons : une saison pluvieuse de 7 mois entre avril et octobre, et une saison sèche de 5 mois de novembre à mars pendant laquelle intervient le Harmattan.

 

Les régimes subtropical humide et subéquatorial présentent tous les deux 4 saisons : un saison des pluies entre mars et juin suivie d'une courte saison sèche en juillet-août, une nouvelle saison des pluies de septembre à octobre ou novembre et une grande saison sèche jusqu'au mois de février. Le régime subéquatorial présente les précipitations les plus importantes.

 

Une étude a été menée sur des mesures de pluviométrie et température pour les années 1951-2000. Depuis les années 1970 il ressort une tendance au rétrécissement de certaines période de pluies, qui débuteraient également plus tard que la normale. Les mécanismes derrières ces tendances sont difficiles à appréhender au vu des nombreux facteurs qui impactent le climat. La température ressort cependant comme un des facteur clés de ces variations, les périodes de sécheresses qui ont eu lieu dans la période de 1950 à 200 étant corrélées à des années aux températures plus hautes que la normale. 

 

Si la variabilité climatique est une norme dans ces régions, le changement climatique global et la hausse des températures mondiales pourraient ainsi rendre ces variations encore plus aléatoires, et les épisodes extrêmes, sécheresses ou fortes pluies, plus fréquents.

Les risques de submersion

L’Afrique de l’Ouest présente plus de 12 agglomérations de plus d’un million d’habitants établies sur la côte Atlantique. On y trouve aussi les écosystèmes côtiers précieux que sont les mangroves, qui fournissent des services environnementaux majeurs comme le stockage de CO2, présentent d'importantes zones de pêches et constituent un attrait touristique. Au cours du 20ème siècle, le niveau de la mer sur les côtes de l’Afrique de l’Ouest a augmenté de 17 cm. Certains modèles de changements climatiques annoncent une hausse double d’ici 2050. Cette augmentation conduit à une érosion et une réduction de la surface des terres émergées, ainsi qu’à l’augmentation de la salinité dans les mangroves. Les conséquences sont dramatiques, tant sur le plan écologique, avec la dégradation des écosystèmes, que socio-économique, avec l’augmentation du risque d’inondation et d’importantes pertes et coûts financiers.

 

La difficulté de l'adaptation des agriculteurs

La décalage et l'imprévisibilité des saisons des pluies compliquent l'adaptation des agriculteurs au changement climatique. Certaines cultures souffrent en effet de sécheresses prolongées à des stades clés de leur développement. Parfois, le décalage de la saison des pluies favorise la croissance d'espèces ravageuses comme certains criquets. Même les éleveurs transhumants voient leur pratiques impactées, les prés favorables au pâturages changeant en effet de localisation en fonction des zones arrosées par les moussons. Au Sahel, la raréfaction des points d'eau utilisés par ces éleveurs est l'un des facteurs participant à créer des tensions sur la sécurité alimentaire des populations, corrélée à de violents conflits.

 

 

En bref

L'Afrique de l'Ouest correspond à un vaste territoire qui présente des climats variés soumis à de multiples facteurs. Ces variations rendent les prévisions climatiques complexes. Il est cependant possible de prévoir que les épisodes de sécheresses connus ces dernières décennies sont amenés à devenir plus fréquents, et les saisons des pluies à se faire plus courtes et intenses. Les régions côtières seront également soumises à une montée des eaux, qui a déjà atteint 17 centimètres depuis le 20ème siècle. Les populations côtières seront donc soumises à une augmentation des risques d’inondation et à la destruction des écosystèmes côtiers qui leur fournissent des zones de pêche et des ressources financières liées au tourisme. Les agriculteurs quand à eux sont confronté à l'incertitude de la survie des cultures les moins tolérantes aux sécheresses et à la raréfaction des points d'eau propices à l'élevage. Au Sahel notamment, la désertification des terres est corrélée à de violents conflits pouvant impliquer des enjeux de sécurité alimentaire des populations et plus globalement impacter les actions géopolitiques des communautés.

Bibliographie

  • Yoroba, et Benjamin Kouassi. 2010. « Étude du climat Ouest-Africain à l’aide du modèle atmosphérique régional M.A.R. » Climatologie 7: 3955. https://doi.org/10.4267/climatologie.445.
  • Lewis, Kirsty, et Carlo Buontempo. 2016. « Climate Impacts in the Sahel and West Africa: The Role of Climate Science in Policy Making ». Paris: OCDE. https://doi.org/10.1787/5jlsmktwjcd0-en.
  • Tarif, Kheira. s. d. « Changement climatique et sécurité en Afrique de l’Ouest: Perspectives régionales sur la gestion des risques de sécurité liés au climat ».
  • Kouassi, Amani Michel, Koffi Fernand Kouamé, Yao Blaise Koffi, Kouakou Bernard Dje, Jean Emmanuel Paturel, et Sekouba Oulare. 2010. « Analyse de la variabilité climatique et de ses influences sur les régimes pluviométriques saisonniers en Afrique de l’Ouest: cas du bassin versant du Nzi (Bandama) en Côte dIvoire ». Cybergeo: European Journal of Geography, décembre. https://doi.org/10.4000/cybergeo.23388.
  • https://fr.wikipedia.org/wiki/Sahel
  • https://fr.wikipedia.org/wiki/Afrique_de_l'Ouest
  • https://fr.wikipedia.org/wiki/Abidjan
  • https://www.fao.org/in-action/coastal-fisheries-initiative/news/detail/fr/c/1476850/
  • Brochure « Climats, changements climatiques & Résilience » RCPA Version provisoire, novembre 2015, réalisée à partir de productions du Secrétariat du Club du Sahel et de l’Afrique de l'Ouest (CSAO/OCDE)