Le SAMU de l’environnement s’est rendu les 27 et 28 novembre au séminaire annuel organisé par la Fondation Daniel et Nina Carasso sur la transition agroécologique (TAE), fondation qui soutient notre association sur le projet dédié à la Santé des Sols. Ces deux jours ont été l’occasion d’échanger avec les différents projets soutenus depuis plusieurs années par cette fondation à travers le territoire français pour expérimenter et faciliter la diffusion des pratiques agroécologiques.

Nous avons pu également échanger sur les axes de réussite et de difficultés que rencontrent les projets. Un élément récurrent était la difficulté de sortir de l’entre-soi, comprendre de sortir du cercle des personnes déjà convaincues par une démarche agroécologique, avec toute la variété des définitions et significations associées.

Un retour a pu nous être fait de façon particulièrement détaillée par les projets portés respectivement par le CERNODO dans l’Oise, qui travaille sur une démarche bas carbone, et par l’association Chemin Cueillant dans la région du Minervois, qui accompagne techniquement les viticulteurs à travers des démarches d’alternatives aux traitements phytosanitaires ou encore d’agroforesterie.

Le travail effectué par le CERNODO met en lumière des motivations complexes sur les démarches bas carbone, en faisant apparaître que les dispositifs d’incitation financière n’arrivent pas en premier levier. Les agriculteurs participant à la démarche se montrent davantage intéressés par les gains techniques et économiques indirects associés aux changements de pratiques.

Du côté du Minervois, une étude sur les interrelations entre les agriculteurs et les réseaux d’influence a été présentée, avec les fréquences de contact, et indirectement les facteurs d’influence du changement (ou non). Ce travail, réalisé par l'association Chemin Cueillant, a également fait ressortir la nature et les niveaux de préoccupations des viticulteurs, parmi lesquels ressortent le revenu, les rapports avec les caves, la disponibilité de la ressource en eau. Cette dernière thématique marque de réelles inquiétudes sur l’avenir à court terme du terroir, et sa capacité à maintenir les cultures historiques, voire à y substituer des cultures tout court.

Parmi les enseignements de ces retours d’expérience, ressortent donc notamment une très vive inquiétude pour l’avenir des filières, et de la profession agricole de manière générale, et les techniciens et animateurs expriment quant à eux des doutes sur l’utilité et l’efficience de leurs actions.

Une partie des discussions est revenue de façon récurrente sur la notion de codéveloppement dans les groupes d’agricultrices et d’agriculteurs. La démarche de co-développement  (Payette et Champagne, 1997) repose sur une approche collaborative où les agriculteurs, les chercheurs, les conseillers et d'autres acteurs du secteur échangent leurs connaissances et compétences pour résoudre des problèmes communs. Elle consiste à partager des expériences, identifier des solutions pratiques et tester des innovations adaptées aux réalités locales. Ce processus participatif permet de co-concevoir des solutions adaptées aux besoins spécifiques des exploitations agricoles, tout en favorisant l’apprentissage mutuel et la mise en réseau (Chieze, Casagrande, et Alaphilippe, 2021). L'objectif est d'améliorer les pratiques agricoles, de promouvoir une agriculture durable et de renforcer la résilience des exploitations face aux défis environnementaux et économiques.

Au-delà des temps de réflexion, notre séjour nous a aussi permis de bénéficier du cadre de la Bergerie Nationale, et de visiter la ferme pédagogique accolée à l’établissement.

La Bergerie Nationale est un site historique situé à Rambouillet, en Île-de-France, fondé au XVIIIe siècle par Louis XVI. Elle était à l'origine une ferme modèle destinée à améliorer l'élevage et la gestion des ressources animales. La bergerie a joué un rôle clé dans la sélection et la reproduction des moutons mérinos, une race précieuse pour la production de laine de haute qualité. En plus de ses fonctions agricoles, elle a été un lieu d'expérimentation scientifique en matière de techniques agricoles et d'élevage. Aujourd'hui, la Bergerie Nationale est un centre de formation et d'information pour les professionnels du secteur agricole. Elle propose des visites pédagogiques, des expositions et des activités autour de l'agriculture durable. Le site comprend également un musée et un parc animalier, où les visiteurs peuvent découvrir différentes races d'animaux d'élevage. L'architecture de la bergerie, avec ses bâtiments en pierre, témoigne du savoir-faire de l'époque. Ce lieu symbolise l'importance de l'agriculture dans l'histoire de France. La Bergerie Nationale contribue ainsi à la préservation du patrimoine agricole et à la sensibilisation aux enjeux de l'agriculture moderne.